De sa création à l’éventuelle cessation d’activités, le financement de l’entreprise reste un enjeu central. Pour un déroulement harmonieux et rentable de son développement, elle doit disposer d’un approvisionnement en cash pour accéder aux ressources nécessaires à son activité. L’endettement est l’une des solutions pour satisfaire cette fin. Avec la globalisation de l’économie et le développement des marchés financiers, la dette devient un outil de croissance puissant. Néanmoins, l’endettement est porteur de risque et d’inconvénients qui peuvent créer la faillite subite d’entreprises apparemment prospères. Cet article vous présentera l’endettement, avec ses différentes formes et les paramètres qui encadrent son usage pour une société. Ensuite, nous verrons les avantages et les inconvénients que les entreprises endettées peuvent rencontrer.
Sommaire :
Définition : qu’est-ce que l’endettement pour une entreprise ?
L’endettement est le fait pour une entreprise d’émettre de la dette. Ce dernier se matérialise par des titres financiers, des contrats, qui engagent l’entreprise en vers un prêteur. Ce dernier met à la disposition de l’entreprise (emprunteur) un certain volume de fonds. En contrepartie de l’argent reçu, l’entreprise s’engage à respecter un certain nombre d’obligations, notamment le remboursement de la dette, dans un intervalle déterminé et avec un mode de rémunération décrit dans le contrat d’endettement. Ainsi, le mode de rémunération comprend plusieurs paramètres comme :
- La durée de la période de remboursement
- Les intervalles de paiement des traites (mensuelle, trimestrielles, semestrielle, annuelle)
- La nature du taux d’intérêt : fixe (avec détermination du pourcentage) ou variable (avec indication de l’indice de base).
Le titre de dette émis par l’emprunteur est la propriété de son créancier, et c’est lui qui donne le droit au remboursement. Mais il est possible que celui cède le titre et les droits y afférent à un tiers. On parle alors d’un marché secondaire de la dette, avec la possibilité que l’emprunteur change de créancier pendant la période de remboursement.
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Quels sont les types de dettes pour une entreprise ?
Il existe une large variété de contrats de dette, qui se distinguent sur plusieurs paramètres. Nous allons les regrouper en 2 catégories : les dettes négociables et les dettes bancaires. Dans la première catégorie, on retrouve :
L’obligation
L’obligation est un titre de dette généralement émis en grande masse par les états, les collectivités ou les grandes entreprises. Lors d’une émission, ce sont généralement des montants importants qui sont sollicités en contrepartie d’un grand nombre d’obligations. Chaque obligation représente un droit sur une portion de la dette. Elles sont vendues sur les marchés financiers et engagent un grand nombre de créanciers.
De façon pratique, chaque obligation permet à l’entreprise de lever une fraction du montant total attendu. La période de remboursement va généralement de 5 à 30 ans, et l’emprunteur rembourse le capital emprunté généralement en fin de période. La rémunération vient des coupons, qui représentent les intérêts versés, annuellement ou semestriellement. Les parties calculeront les intérêts sur un taux fixe ou variable.
Les investisseurs requièrent toujours une notation de l’émetteur des obligations par une agence de notation financière (Standard & Poor’s, Moody’s) afin de mesurer le risque auquel ils s’exposent en achetant les obligations. Une bonne partie des acheteurs d’obligations sont des spéculateurs. Ils achètent pour revendre et en tirer une plus-value. C’est pour cela que les obligations sont cotées et qu’il existe un marché secondaire. Les contrats d’obligations sont rédigés selon des standards qui permettent d’avoir un marché homogène.
Les billets de trésorerie
Ce sont des titres de dettes similaires aux obligations, mais dont la durée de vie reste inférieure à un an. Ce sont généralement les entreprises qui y ont recours.
La deuxième catégorie est celle des dettes bancaires. Ici, la société qui s’endette obtient les fonds auprès d’un établissement de crédit. L’emprunt bancaire a pour principale caractéristique sa durée et son taux. Même si la société qui reçoit le prêt dispose parfois d’une marge de négociation, la banque fixe le taux en fonction de sa perception du risque. Pour le mesurer, la banque peut se baser sur différents éléments : historiques de transactions et de crédit, surface financière, rentabilité, etc. Les dettes bancaires peuvent être contractées sous plusieurs produits :
- Le découvert et la facilité de caisse, qui sont des lignes de crédit destinées à pallier des besoins de trésorerie ponctuels et de faibles volumes.
- Le crédit spot qui est un crédit à court terme, avec une mise en place aisée et souvent utilisée sous la forme de crédit de campagne
- Le crédit relais par lequel la banque fournit en avance à l’entreprise qui s’endette, un montant équivalent d’un financement en attente.
- Le prêt à terme : ce produit concerne des demandes de financements pour des projets clairement identifiés. Son horizon est dans le moyen/long terme.
- Le crédit syndiqué : c’est lorsque plusieurs banques octroient du crédit à l’entreprise. L’une d’entre elles joue le rôle d’arrangeur et mène la négociation avec l’emprunteur. Les montants sollicités en crédit syndiqué sont généralement supérieurs à 50 millions
Place de l’endettement dans le financement de l’entreprise
L’endettement est un moyen de financement externe à l’entreprise. Un ou plusieurs tiers apportent des fonds et acceptent en contrepartie un engagement de remboursement. Mais ce n’est pas la seule façon pour l’entreprise d’obtenir des liquidités. Il existe deux principales alternatives :
- Le capital : le capital d’une entreprise est un pool de ressources financières mis à sa disposition par les associés ou les actionnaires. Il permet de financer l’acquisition du capital économique de l’entreprise. Et c’est ce dernier qui est exploité dans l’activité afin de générer du profit. Aussi, une entreprise existante peut demander à ses actionnaires (ou à de nouveaux investisseurs) de réinvestir de l’argent supplémentaire pour pallier à ses besoins de financement. On parle alors d’augmentation du capital.
- L’autofinancement : On parle d’autofinancement lorsque l’entreprise réinvestit l’argent qu’elle a obtenu en bénéfices sur un ou plusieurs exercices précédents. À la fin d’une année comptable, chaque société dresse son compte de résultat. Si l’activité a généré des bénéfices, ces derniers appartiennent aux apporteurs en capital.
L’endettement est donc une option parmi les trois évoquées. Et elle est liée en partie aux deux autres. En effet, sans capital, il n’y a pas d’entreprise. C’est la mise à disposition du capital par les associés/actionnaires qui donnent à l’entreprise sa réalité économique.
De plus, le capital sert de garantie aux dettes qui sont souscrites par l’entreprise. En cas de faillite, l’entreprise est liquidée et ce n’est qu’après le paiement complet des dettes que les actionnaires peuvent récupérer leur mise initiale.
En ce qui concerne l’autofinancement, il est le symbole d’une entreprise économiquement rentable, qui arrive à générer des richesses par son activité. Le créancier évalue cette capacité à créer de laaa richesse avant d’accepter de prêter de l’argent. Car c’est la richesse créée par l’utilisation de la dette qui doit permettre de la rembourser.
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Les avantages de l’endettement
Il faut privilégier l’option de l’endettement comme mode de financement si elle permet de générer des avantages. Voici les 4 principaux bénéfices que le recours à la dette donne à l’entreprise.
L’effet de levier
C’est l’avantage le plus important de l’endettement. On parle d’effet de levier quand la dette souscrite par une entreprise lui permet l’utilisation d’augmenter sa capacité d’investissement et que ces investissements augmentent la rentabilité économique. Après prise en compte des charges financières, cette rentabilité supplémentaire permet d’augmenter le résultat et donc les dividendes potentiels. Ce sont donc les actionnaires qui sont les premiers bénéficiaires de l’effet de levier issu de la dette. Il leur permet sans avoir à investir plus d’argent et sans que l’entreprise n’optimise son activité économique, de gagner plus d’argent.
Le financement de la croissance
La dette est aussi un outil stratégique pour la croissance. Elle permet à l’entreprise de mener des opérations qui peuvent lui garantir une augmentation de ses revenus à moyen terme ou sa pérennité, même lorsque sa situation financière ponctuelle ne le permet pas. Plusieurs situations illustrent cet avantage.
La réduction de l’impôt
L’un des avantages de la dette est qu’elle permet à l’entreprise d’obtenir des flux financiers entrants, tout en réduisant le niveau d’impôt à payer. Les charges financières sur un crédit bancaire seront déductibles. Cela reduira le bénéfice imposable et elle paiera moins d’impôt.
Obtention de liquidités à moindre coût et accessibles
La dette représente aussi l’avantage pour l’entreprise d’obtenir des liquidités à moindre coût. Les ressources financières que l’entreprise acquiert ne sont jamais gratuites. L’entreprise se finance toujours avec un coût. Le capital obtenu des actionnaires doit être rémunéré. Les financements obtenus sur les marchés financiers sont similaires. Mais ces derniers ne sont pas accessibles à toutes les entreprises, notamment aux PME : complexité des opérations de montages des placements, nécessité d’avoir une notation financière, volume minimal important. L’entreprise peut obtenir auprès du système bancaire des crédits à terme à taux intéressants, et donc la mise en place est moins complexe.
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Les risques et inconvénients de la dette
La dette est un instrument qui est à double tranchant. On peut le comprendre vu que le contrat de dette comporte un certain nombre d’obligations pour l’emprunteur.
Contraintes sur la gestion de l’entreprise
Le contrat de dette génère des obligations financières pour l’entreprise. Le remboursement du capital emprunté se fait par des traites périodiques sur une certaine durée. Il s’en suit donc que l’entreprise n’aura pas la latitude d’utiliser à sa guise les ressources générées par l’activité sur la période du contrat. Cela contraint sa politique financière . Dans le cadre du crédit bancaire, la dette accompagne souvent des covenants. Il s’agit de règles de gestion que l’emprunteur doit respecter pendant la durée du remboursement. Pour la banque, elles visent à augmenter la probabilité de remboursement du prêt.
Risque de solvabilité
Le risque de solvabilité est un des inconvénients majeurs de la dette. Il vient de ce que les traites du remboursement de la dette sont certaines, avec des montants définis à payer à des intervalles réguliers. Pour payer ses charges financières, l’entreprise compte sur des cash-flows qui eux sont incertains, dépendant des performances de l’entreprise. Il peut donc arriver que l’entreprise ait une trésorerie insuffisante pour rembourser son prêt. Ce qui peut entraîner :
- Une exigence de paiement total par la banque ;
- La nécessité d’emprunter de nouveau pour payer la dette, à un taux plus élevé ;
- La faillite de l’entreprise.
Coût élevé de la dette face aux alternatives
La dette a aussi l’inconvénient de son coût, notamment en la comparant aux alternatives que sont l’augmentation du capital et l’autofinancement. Même si les actionnaires attendent une rémunération (dividende), celle-ci n’est pas une obligation de l’entreprise et n’est attendue que dans le cas d’un exercice bénéficiaire. L’autofinancement lui aussi est sans charge. En plus des charges financières, la dette peut aussi entraîner un coût d’opportunités, par les limites qu’elles génèrent sur la politique financière et la gouvernance de l’entreprise.