Vendre un bien immobilier en viager revient à le céder contre paiement (par l’acquéreur) d’une rente périodique (annuelle, semestrielle, trimestrielle, mensuelle). En plus de cette rente périodique, l’acquéreur paye un bouquet, une somme payée comptant lors de la signature de l’acte de vente.
Lorsque vous souhaitez procéder à ce type de vente, il est recommandé de prendre des dispositions pour éviter certains pièges. Ces derniers ont sans doute une incidence sur le montant de la rente, mais aussi, sur les implications fiscales pour le ménage. En France, les rentes viagères sont régies par des règles spécifiques. Ces dernières visent à protéger à la fois le crédirentier et le fournisseur de la rente. Pour vous aider à réaliser une vente en viager sans prise de tête, voici les principales erreurs à ne surtout pas commettre.
Sommaire :
Ne pas évaluer le bien
L’un des principaux écueils d’un contrat de rente viagère est de ne pas évaluer correctement le bien immobilier. Les deux parties concernées, le vendeur et l’acheteur, doivent se mettre d’accord sur une juste valeur marchande du bien. Si elles ne le font pas, elles risquent d’être mécontentes et d’être confrontées à des litiges en fin de compte.
Pour ce faire, le vendeur peut solliciter l’expertise d’une agence immobilière ou d’un courtier en immobilier pour l’estimation. Ce recours à des services d’évaluation professionnels permet de s’assurer que la valeur du bien est correctement évaluée. Cela constitue une base solide pour le contrat de rente.
Gardez à l’esprit que le prix déterminé a un impact direct sur le calcul de la rente viagère mensuelle. Ce prix a aussi une incidence sur le montant du bouquet initial payé par l’acquéreur. La fixation d’une estimation sous-évaluée risque de diminuer fortement les revenus complémentaires du vendeur. Tandis qu’un prix surévalué pourrait dissuader les acheteurs potentiels.
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Fixer un montant de rente très bas
Pour obtenir une vente rapide, les vendeurs peuvent être tentés de fixer des montants déraisonnablement bas. Si cela peut attirer les acheteurs dans un premier temps, cette méthode peut s’avérer préjudiciable à long terme. L’objectif principal est de trouver un équilibre dans le montant du paquet. Sachez tout de même qu’un montant forfaitaire plus élevé entraîne une diminution de la rente mensuelle, et inversement.
Pour le rentier, il est essentiel de trouver le bon équilibre pour répondre aux besoins immédiats de liquidités. Ceci se fait sans compromettre la viabilité de la rente. En outre, la rente doit être au moins équivalente au revenu locatif que l’acheteur percevrait s’il choisissait de louer le bien après l’achat. Si la rente n’est pas suffisante, le contrat peut être annulé.
Cela souligne l’importance de prendre en compte la valeur locative du logement au moment de déterminer son montant. Toutefois, évitez de fixer des prix qui ne reflètent pas correctement la valeur du bien immobilier. De plus, ils doivent pouvoir fournir au vendeur, un revenu suffisant pour les années de retraite.
Souscrire une rente viagère avant l’âge de la retraite
Opter pour une rente viagère avant l’âge de la retraite peut être une erreur coûteuse. Certes, la signature du contrat de rente est importante, mais choisir le bon timing l’est davantage. Ce timing détermine la durée des versements et a un impact financier global sur le vendeur.
Notons que la partie imposable de la rente diminue avec l’âge du vendeur au moment du premier versement. Pour les vendeurs dont l’âge se situe en dessous de 50 ans, 70 % des revenus de la rente sont imposables. Cette proportion diminue à 50 % pour les personnes âgées de 50 à 59 ans. Puis, imposés à 40 % pour les personnes âgées de 60 à 69 ans.
À partir de 70 ans et plus, les revenus de la rente sont imposés à hauteur de 30 %. Pour minimiser les obligations fiscales, il est recommandé d’effectuer la vente après avoir atteint l’âge de 60 ans. À ce moment, moins de la moitié de la rente annuelle sera alors incluse dans le revenu imposable du ménage.
Vendre au mauvais moment
Le choix du moment est primordial lorsqu’il s’agit de vendre un bien immobilier dans le cadre d’un viager. Les conditions du marché, les taux d’intérêt et les tendances démographiques peuvent influencer de manière significative la valeur du bien. Cela peut aussi avoir une influence négative sur l’attrait du contrat de rente proposé.
À cela s’ajoute l’âge du vendeur qui doit absolument être au-dessus de 50 ans comme précisé plus haut. Bien qu’il n’y ait pas d’obligation légale spécifique imposant une limite d’âge, il est conseillé de ne pas vendre avant 70 ans. Ce seuil d’âge garantit des résultats financiers optimaux tant pour le vendeur que pour l’acheteur impliqué dans la transaction.
Cependant, une vente au mauvais moment peut se traduire par des rendements sous-optimaux pour le vendeur. Cela compromet les avantages escomptés de la rente. L’étude de marché approfondie et les conseils professionnels peuvent vous aider à identifier le moment opportun pour conclure un contrat de rente viagère.
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Négliger les charges et la répartition du travail
Un piège fréquent dans les contrats de viager consiste à négliger la répartition du travail, et des charges entre parties prenantes. Les frais d’entretien, les impôts fonciers, les primes d’assurance, etc., font partie des dépenses qui doivent être clairement définies et réparties en deux.
En l’absence d’accords explicites, les dispositions légales énoncées dans le Code civil (art 600 à 616) entrent en vigueur. Elles traitent des obligations d’entretien et de grosses réparations :
- Viager assorti d’un usufruit : la charge des grosses réparations incombe à l’acheteur, tandis que les autres dépenses restent à la charge du vendeur, sauf stipulation contraire dans le contrat de vente ;
- Viager avec droit d’usage : l’acheteur prend en charge les taxes foncières et les taxes d’enlèvement des ordures ménagères. Tandis que les autres charges et les éventuels travaux d’entretien sont partagés librement ;
- Viager libre : l’intégralité des responsabilités incombe à l’acheteur.
Les vendeurs doivent s’assurer que les termes de l’accord concernant les responsabilités et les dépenses sont clairement définis et acceptés.
Vérifier la solvabilité de l’acheteur
Un autre piège du viager à éviter, car la stabilité financière de l’acheteur compte. Elle devient donc un élément indispensable lors de la conclusion d’un contrat de rente viagère. Les vendeurs comptent sur les versements réguliers de l’acheteur pendant toute la durée du contrat.
Choisir au hasard l’acquéreur qui a fait l’offre la plus élevée peut conduire à des écueils. Procédez toujours à une analyse comparative approfondie pour évaluer la stabilité financière de tous les investisseurs potentiels. Ce processus est essentiel pour prévoir et atténuer les risques d’impayés pendant toute la durée du contrat.
L’objectif est d’identifier un débiteur disposant de ressources suffisantes pour remplir ses obligations, même en cas de difficultés financières temporaires. Cela permet d’atténuer le risque de défaillance et de garantir un contrat de rente sûr et sans accroc. Optez donc pour des acheteurs qui possèdent la solidité financière nécessaire pour assurer le paiement régulier tout au long de votre vie.
Ne pas parcourir et intégrer certaines clauses au contrat
Un contrat de rente viagère comprend diverses clauses adaptées à différents scénarios. Ces clauses permettent d’anticiper des situations telles que des problèmes de paiement ou la résiliation du contrat de la part de l’acheteur. Consultez un spécialiste ou un notaire pour réviser et/ou intégrer certaines clauses à l’instar de :
- Clause de résiliation/résolutoire : protège le vendeur en cas de non-paiement ou de problèmes liés au bouquet. Si deux annuités consécutives restent impayées ou si des retards fréquents se produisent, le contrat peut être résilié ;
- Clause de rachat : elle protège l’acheteur, en lui donnant la possibilité de renoncer au paiement des annuités en versant une somme prédéterminée à l’avance ;
- Clause d’augmentation de la rente : elle permet des ajustements si le vendeur quitte le bien, par exemple pour s’installer dans une maison de retraite. L’augmentation est généralement limitée par les conditions énoncées dans le contrat initial.
Enfin, il faut pouvoir appréhender les conditions de réévaluation annuelle de la rente en fonction d’un indice déterminé. Le savoir garantit que les ajustements du montant de la rente sont conformes aux attentes.
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Oublier la clause de réversion et celle de déblocage anticipé
L’un des pièges du viager consiste à oublier la clause de réversion dans le contrat. Cette dernière garantit que le conjoint survivant du vendeur continuera à percevoir les prestations viagères après le décès du vendeur. Cette disposition est essentielle pour la sécurité financière du conjoint survivant. Il s’agit en particulier des dépenses liées à la perte d’autonomie qui peuvent survenir au fil du temps.
Négocier l’inclusion de cette exigence dans le contrat de vente en viager est impératif. Cela garantit un soutien financier continu au conjoint survivant tout au long de sa vie.
Cette clause permet au crédirentier de transférer la pleine propriété du bien en cas de déménagement. Une telle disposition peut entraîner une augmentation de 20 à 30 % du montant de la rente viagère, ce qui renforce avantageusement les ressources financières du vendeur.
Pour finir, la signature d’un contrat de rente viagère en France nécessite une prise en compte attentive de divers pièges à éviter. En considérant les différentes erreurs évoquées plus haut, vous pouvez mieux préserver votre avenir financier. De plus, vous pourrez bénéficier d’un revenu considérable et sûr tout au long de votre retraite.